article paru sur le site lesechos.fr le vendredi 9 septembre 2022

Transformer en diplôme un engagement associatif bénévole, grâce au dispositif de validation d’acquis et d’expérience (VAE), c’est déjà possible en France. Le problème ? La plupart des bénévoles ne connaissent pas le dispositif et y souscrire reste compliqué. Aujourd’hui, sur 42.000 personnes inscrites en VAE, seulement 20 % viennent du circuit associatif chaque année.

Remédier à cet imbroglio est l’un des volets du projet de loi Travail, présenté cette semaine en Conseil des ministres. En toile de fond, l’objectif du « plein emploi » fixé par le président Emmanuel Macron d’ici 2027.

Elle-même bénéficiaire de la VAE lorsqu’elle travaillait dans le secteur associatif, Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire, est particulièrement mobilisée sur le sujet aux côtés du ministre du Travail Olivier Dussopt.

Une plateforme en ligne dédiée aux VAE des bénévoles

Si rien n’est encore gravé dans le marbre – les consultations avec les trois grands acteurs du secteur (sport, culture, affaires sociales) n’étant pas terminés – quelques pistes sont quand même en train d’émerger.

D’ici fin 2022, une plateforme numérique unique, dédiée aux VAE des personnels bénévoles devrait voir le jour. En quelques clics, celle-ci permettra d’entreprendre une démarche pour faire valider des années d’investissement associatif par un diplôme.

Pourvoyeurs d’une grande partie de l’action bénévole en France, les volontaires du secteur de l’accompagnement social seront particulièrement ciblés par le gouvernement. D’autres profils le sont aussi : les seniors en reconversion professionnelle ou engagés de longue date dans une association, les citoyens qui ont soutenu les soignants durant le pic de la crise Covid ou encore les bénévoles engagés auprès des réfugiés. L’objectif du ministère du Travail d’ici 2023 est le suivant : qu’un tiers des 100.000 VAE par an visées par la réforme, soit donné à des citoyens offrant leur soutien volontaire à des associations.

Une réforme bienvenue

Martine Saudin, présidente de la Fédération des Associations de France , accueille favorablement cette réforme : « Il est normal, juste et judicieux que le gouvernement rétrocède ce qui est un dû pour les citoyens exemplaires, qui par leurs actions quotidiennes, réduisent la fracture sociétale. (…). Sans l’action civique et citoyenne, la Nation toute entière serait soumise à la violence de l’inégalité. ».

Avec ses 1,3 million d’associations et ses 21 millions de bénévoles actifs selon l’ Insee , la France abrite l’un des tissus associatif les plus dynamiques d’Europe. Autre chiffre éloquent calculé par l’institut : cette force de travail représente 1,5 million d’emplois salariés en équivalent temps plein. Autant de compétences à mettre au service d’entreprises, qui, aujourd’hui, peinent à recruter faute de profils adaptés. Le secteur médico-social, mis en avant par la crise sanitaire, en premier lieu.

Mais d’ici l’adoption de cette réforme, il est utile de rappeler que la marche est encore haute. En 2020, le nombre de dossiers de VAE déposés a baissé de 25 % par rapport à 2019.

Mathieu Viviani